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Prêts immobiliers : les taux baissent mais les ventes restent timides

Malgré la récente accalmie observée sur les taux d’intérêt des prêts immobiliers, qui laissait augurer un regain d’activité dans le secteur, force est de constater que les acheteurs ne semblent toujours pas convaincus par ces conditions d’emprunt devenues plus favorables. En effet, selon les dernières statistiques rendues publiques par la Banque de France, le montant global des nouveaux crédits à l’habitat octroyés le mois dernier, hors renégociations de prêts existants, a encore baissé pour atteindre seulement 6,7 milliards d’euros, un plus bas historique sur près de 10 ans.

Une chute record du volume des prêts immobiliers

Plus précisément, le volume des nouveaux crédits immobiliers accordés aux particuliers en mars, à l’exclusion des renégociations de prêts déjà en cours, n’a été que de 6,7 milliards d’euros selon la Banque de France. Un niveau extrêmement faible que l’on n’avait plus observé depuis octobre 2014, où il plafonnait déjà à un plancher historique de 6 milliards d’euros seulement sur un mois. Cette contraction de la production de crédits fait suite à un mois de février déjà bien peu dynamique, avec à peine 7,4 milliards d’euros de nouveaux prêts débloqués par les banques.

Des taux d’emprunt de plus en plus avantageux

Pourtant, tout semblait réuni ces derniers mois pour relancer l’appétit des ménages pour l’accession à la propriété. En effet, les conditions de financement se sont nettement améliorées au fil des semaines pour les emprunteurs, sous l’effet d’une nette détente sur les taux d’intérêt appliqués par les banques. Le taux d’intérêt moyen des nouveaux prêts immobiliers est ainsi repassé sous la barre symbolique des 4% en mars, s’établissant à 3,94% en moyenne contre 4,11% un mois plus tôt. Un nouveau répit pour les acheteurs immobiliers, puisqu’il s’agit du deuxième mois consécutif de baisse après le pic à 4,17% enregistré en janvier à la faveur d’un regain de tensions sur les taux.

Malgré tout, les acheteurs restent frileux

On aurait logiquement pu s’attendre à ce que ce reflux des taux d’emprunt et cet environnement redevenu plus favorable donnent un coup de fouet au marché immobilier en relançant la demande de crédits, d’autant que dans le même temps les banques affichaient un regain d’appétit pour ce type de prêts après avoir longtemps tari le robinet du crédit. Mais à la grande surprise des professionnels du secteur, force est de constater que les acheteurs potentiels ne se sont toujours pas précipités pour profiter de cette accalmie, malgré ces conditions désormais redevenues plus abordables.

Le principal frein semble résider dans les prix toujours extrêmement élevés pratiqués sur le marché immobilier, un constat partagé par l’ensemble des acteurs du secteur. Même si le récent allègement du coût des emprunts a permis de regagner un peu de capacité d’achat, l’investissement dans la pierre demeure une dépense d’une lourdeur souvent rédhibitoire qui pèse durablement sur le budget des ménages, bridant leurs velléités immobilières.

Assouplir l’octroi des prêts ? Le débat fait rage

Dans ce contexte de marché atone malgré l’amélioration récente des conditions de crédit, plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer un assouplissement des règles prudentielles qui encadrent actuellement l’octroi des prêts immobiliers par les banques, jugées trop restrictives. Un appel à desserrer quelque peu la vis réglementaire notamment en direction de l’investissement locatif, où les critères d’accès au crédit sont particulièrement stricts.

Un projet de loi visant à alléger certaines de ces mesures en vigueur avait même été déposé au Parlement dans cette perspective. Mais le texte, très attendu par la profession, a finalement été retiré la semaine dernière avant son examen par son auteur, le député Lionel Causse. En cause : les amendements adoptés en séance avaient selon lui dénaturé le projet au point de lui faire perdre tout son sens.

La prochaine fenêtre pour assouplir ce cadre réglementaire pourrait être la prochaine réunion trimestrielle du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), l’instance qui définit ces règles prudentielles. Mais la date de cette réunion très suivie dans le secteur, qui rassemble notamment le gouverneur de la Banque de France et le ministre de l’Économie, reste pour l’heure inconnue, après que la réunion du 1er trimestre se soit déroulée de manière expéditive par écrit sans qu’aucune nouvelle décision ne soit prise.

Un dossier brûlant et un feuilleton qui restent donc à suivre de près, alors que les professionnels du secteur immobilier espèrent des avancées réglementaires pour redynamiser un marché qui peine toujours à repartir, malgré la fenêtre d’opportunité récemment ouverte par le regain d’attractivité des taux de crédit.

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